Le 6 octobre 2013 à Bayonne, quelques jours après la publication du 5ème rapport du GIEC sur le dérèglement climatique en cours, 12,000 personnes ont investi les rues et les places de tout le centre-ville pour une journée consacrée aux multiples alternatives concrètes qui existent déjà à la crise économique, sociale, écologique et climatique.
Un millier de bénévoles, d'exposants et d'associations sont venus faire découvrir ce que l'on peut faire dès aujourd'hui dans tous les domaines de la vie quotidienne : agriculture et alimentation, énergie, habitat, transports, consommation, finance, travail, éducation, etc.
En transformant le temps d'une journée tout un centre-ville en "village des alternatives", ces milliers de citoyens ont montré non seulement que les solutions existent, mais aussi qu'elles construisent une société plus agréable à vivre, plus conviviale, plus solidaire, plus juste et plus humaine.
Cette journée, nommée "Alternatiba", s'est clôturée par une déclaration traduite en une vingtaine de langues européennes pour appeler à organiser 10, 100, 1000 autres "Alternatiba" en Europe d'ici 2015, date de la conférence des Nations Unies sur les changements climatiques qui aura lieu en France.
Appel à multiplier les villages des alternatives
"Stéphane Hessel affirmait qu'un des défis centraux de notre temps était "les changements climatiques et les dégradations dues à l’action de l’homme au cours des trois derniers siècles. Le dérèglement climatique s'aggrave et s'accélère, mettant à mal les populations les plus pauvres de la planète et à moyen terme les conditions de vie civilisée sur Terre".
Tous les signaux d'alerte sont au rouge. Les dérèglements climatiques se multiplient, touchant particulièrement les populations les plus pauvres du Sud, mais aussi celles du Nord : sécheresses, désertification, modifications des saisons, inondations, ouragans, typhons, feux de forêts, fonte des glaciers et de la banquise... Resterons-nous sans rien faire ? Allons nous continuer de regarder la planète brûler ?
L'enjeu est clair: réduire radicalement les émissions de gaz à effet de serre pour ne pas franchir les seuils dangereux, voire irréversibles de réchauffement et de déstabilisation du climat.
Le dérèglement massif, brutal, en un temps aussi court du système climatique est un défi sans précédent dans l'histoire de l'humanité.
Mais Alternatiba, cette journée magnifique, doit nous faire garder l'espoir : les solutions existent, elles sont déjà mises en oeuvre par des milliers d'associations, de collectivités locales, d'individus. Mieux : ces alternatives construisent une société plus agréable à vivre, plus conviviale, plus solidaire, plus juste et plus humaine.
L'agriculture paysanne, la relocalisation de l'économie, l'aménagement maîtrisé du territoire et le développement des alternatives au tout routier, la sobriété énergétique, l'éco-habitat, la mise au pas de la finance, la reconversion sociale et écologique de la production, la consommation responsable, le partage du travail et des richesses, l'entraide, la réduction et le recyclage des déchets, la préservation des biens communs comme l'eau, la terre ou les forêts en montrent les chemins... La lutte contre le changement climatique n'est pas une contrainte mais un élan formidable pour construire un avenir plus humain.
Hélas, les gouvernements, les puissants de ce monde ne suivent pas ces chemins. Les négociations internationales sur le climat pataugent et font fausse route. Les multinationales et les lobbies économiques font tout pour que ces alternatives ne soient pas appliquées car elles mettent en cause leurs sources de profit et de pouvoir.
Pire, ils imposent leurs fausses solutions, inefficaces et dangereuses : nucléaire, agro-carburants, OGM, mécanismes de compensation, financiarisation de la nature, géo-ingénierie, etc. Celles ci permettent de maintenir un modèle où le Nord et les populations les plus riches de la planète pillent la nature, s'accaparent les richesses et dévastent l'environnement, notamment au Sud
L'implication citoyenne, la mobilisation des populations et la réappropriation de notre avenir sont indispensables pour faire contre-poids à ce travail de sape. L'engagement de chacun et chacune d'entre nous, auquel appelait si fort Stéphane Hessel, est aujourd'hui une priorité pour relever le défi climatique.
La stabilisation du climat sera le fruit de notre union, de notre intelligence collective, de notre solidarité et de notre soif de justice sociale, de notre capacité à enclencher les changements ici et maintenant, à mettre en route la transition, sans plus attendre.
Fin 2015 aura lieu la COP21, la 21ème conférence de l'ONU sur le changement climatique. Six ans après la très médiatisée conférence de Copenhague, la COP21 devrait l'être tout autant, les Chefs d'Etat s'étant publiquement engagés à y adopter un nouvel accord international de lutte contre le changement climatique pour l'après 2020. L'horizon 2020 est signalé par la communauté scientifique internationale comme une période où nos émissions de gaz à effet de serre doivent avoir commencé à baisser de manière significative si nous voulons éviter le pire.
Pour que ces promesses ne restent pas lettre morte comme ce fut le cas à Copenhague, c'est aux citoyennes, aux citoyens, aux populations, de se mobiliser et d'agir pour que soient mises en place de vraies solutions. Ce d'autant plus que cette COP21 se tiendra à ... Paris, sur l'aéroport du Bourget !
La mobilisation populaire en France et en Europe sur les questions d'urgence climatique et de justice sociale redevient donc un enjeu d'une actualité particulière.
Le succès et le caractère fédérateur d'Alternatiba, ce Village des alternatives rendu possible par l'engagement de chacun d'entre nous ici à Bayonne, nous montre un des visages que pourrait prendre cette mobilisation citoyenne européenne.
Nous appelons toutes les villes et tous les territoires d'Europe à préparer à leur tour et dès maintenant leurs propres Villages des alternatives au changement climatique et à la crise sociale et écologique.
Il s'agira autant d'interpeller les dirigeants sur les conséquences dramatiques de l'absence d'accord international ambitieux, efficace, contraignant et juste sur le climat, que d'appeler les populations à mettre en route sans plus attendre la transition sociale, énergétique et écologique nécessaire pour éviter le dérèglement profond et irréversible des mécanismes du climat.
L'objectif sera également d'unir tous ceux qui d'une manière ou d'une autre, par les alternatives ou les combats dont ils sont porteurs, contribuent, parfois sans le savoir, à préserver le climat. Ce qu'a fait Alternatiba à Bayonne, nous pouvons le reproduire partout, dans des formats les plus divers.
Pour voir fleurir dix, cent, mille Alternatiba, ensemble, diffusons cet Appel autour de nous. Réunissons le maximum d'acteurs du changement pour préparer dès à présent les Villages des alternatives qui devront éclore partout en France et en Europe, jusqu'à la COP21 de Paris.
Unis et déterminés, nous pouvons gagner cette bataille au Nord comme au Sud. Pour nous et pour les générations à venir. Pour que l'on puisse dire, aujourd'hui aussi bien que demain : "nous nous sommes engagés quand il en était encore temps !"
Le projet Alternatiba
Alternatiba Bayonne, une mobilisation climatique réussie

Le dimanche 6 octobre, 12 000 personnes se sont retrouvées à Bayonne dans le premier village des alternatives au changement climatique Alternatiba, quelques jours après la publication du Volet I du 5ème rapport du GIEC. Une mobilisation large, bien au delà des seuls militants convaincus, était donc possible sur la question de l’urgence climatique.
La porte d’entrée en était les alternatives au changement climatique et à la crise énergétique, les solutions tangibles, les moyens concrets de baisser ici et maintenant les émissions de gaz à effet de serre dans tous les domaines : L’agriculture paysanne, la relocalisation de l’économie, l’aménagement maîtrisé du territoire et le développement des alternatives au tout routier, la sobriété énergétique, l’éco-habitat, la mise au pas de la finance, la reconversion sociale et écologique de la production, la consommation responsable, le partage du travail et des richesses, l’entraide, la réduction et le recyclage des déchets, la préservation des biens communs comme l’eau, la terre ou les forêts etc.
Un élan formidable
Conférences, expositions, stands, ateliers et démonstrations pratiques, mais également fête populaire, repas festifs, déambulations artistiques, chants et danses etc. Alternatiba montrait que non seulement les solutions au dérèglement existent mais qu’en plus, elles construisent une société et une vie plus humaine, plus juste, plus solidaire, plus conviviale, bref, plus désirable.
La lutte contre le changement climatique n’était dés lors pas un défi douloureux et immense sur lequel nous n’avons pas de prise. Elle est plutôt un élan formidable, une opportunité bienvenue, dans laquelle tout le monde peut avoir sa part, sa place, et qui dessine un projet de société, une promesse d’avenir attractive et mobilisatrice. Au delà du succés quantitatif d’Alternatiba, il s’en dégageait une atmosphère de joie partagée, une énergie positive collective qui ont marqué les esprits.
L’Appel à multiplier les Alternatiba

A la fin de la journée, une déclaration solennelle lue par Mme Christiane Hessel et M. Juan Lopez de Uralde appelait à créer 10, 100, 1000 Alternatiba en France et en Europe, dans la perspective de la COP 21 qui doit se tenir à Paris fin 2015. L’objectif en est « autant d’interpeller les dirigeants sur les conséquences dramatiques de l’absence d’accord international ambitieux, efficace, contraignant et juste sur le climat, que d’appeler les populations à mettre en route sans plus attendre la transition sociale, énergétique et écologique nécessaire pour éviter le dérèglement profond et irréversible des mécanismes du climat. »
Le but sera également d’unir tous ceux « qui d’une manière ou d’une autre, par les alternatives ou les combats dont ils sont porteurs, contribuent, parfois sans le savoir, à préserver le climat. »
(L’intégralité du texte, traduit en 23 langues européennes est consultable en cliquant ici )

Une dynamique prometteuse
Depuis le 6 octobre, une quinzaine de villes ou territoires ont spontanément vu éclore des initiaves Alternatiba : des réunions ont déjà eu lieu à Paris-Ile-de-France, Nantes, Gironde, Socoa, Marseille-Aix-en-Provence, Pau, Polynésie, Genève (Suisse) etc. pour y préparer des Alternatiba.

De notre côté, nous comptons lancer à partir de février 2014 un processus volontariste d’impulsion d’autres Alternatiba, en France et en Europe. Pour cela, nous avons entamé le travail suivant :
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Traduction de la déclaration « Appel à créer 10, 100, 1000 Alternatiba » en 23 langues européennes

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Rencontre de réseaux et organisations travaillant sur la question du climat pour leur présenter la suite du projet Alternatiba et avoir leur avis afin d’affiner ce projet (à ce jour nous avons rencontré la Confédération Paysanne, la Coordination nationale des comités locaux d’Attac, France Nature l’Environnement, la Fondation Nicolas Hulot, 4D, la Fédération des Amis de la Terre, des coordonnateurs du FSM et des FSL, le Collectif Roosevelt, le Collectif pour la transition énergétique, la Confédération Syndicale Internationale, le RAC-F, le CRID)
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Réalisation d’un film de 30 minutes sur le défi climatique, les alternatives au changement climatique et la nécessité de se mobiliser et de multiplier les Alternatiba.
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La rédaction d’un kit méthodologique « Comment et pourquoi créer un Alternatiba dans sa ville, son canton ou son territoire », reposant sur une formule pouvant être lancée par un noyau militant initialement réduit et avec un budget des plus limités au départ.
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La création d’un site internet Alternatiba ouvert à tous les Alternatiba qui s’organisent en France et en Europe, et contenant un certain nombre de ressources utiles à chacun d’entre eux.

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La préparation d’un tour de France puis d’Europe sur un tandem à 4 places, symbole d’Alternatiba (illustrant à la fois la solidarité, l’aspect effort collectif et la reconversion écologique et énergétique), qui serait le moyen concret de contacter des noyaux initiaux dans le maximum de villes et de territoires.
L’objectif est également de construire ce tandem comme un objet médiatique. Il s’agit de faire connaitre du grand public le projet Alternatiba et son message, et de donner un coup de projecteur à tous les Alternatiba et à la COP21.
Les trois étages de la fusée Alternatiba
Nous voulons mettre en place dés le 22 février 2013 une Coordination Alternatiba, qui se réunirait une première fois physiquement, puis fonctionnerait par une liste de discussion internet, et se fixerait un rythme assez espacé de rencontres physiques (tous les 4 mois ?). Elle serait composée de représentant-e-s des différents Alternatiba qui s’organisent partout. Elle gérerait les différents aspects communs. Pour nous, Alternatiba appartient à tous ceux et celles qui se l’approprient, à tous ceux et celles qui organisent un Alternatiba dans leur ville ou leur territoire.
Cette éclosion permanente de Villages des alternatives au changement climatique qui va ainsi se dérouler entre juin 2014 et la fin 2015 est pour nous le second étage de la fusée Alternatiba (le premier ayant été la préparation tout au long de l’année 2013 et la réussite d’Alternatiba Bayonne, le 6 octobre dernier). Le troisième étage est la mobilisation qui se déroulera autour de la tenue de la COP21 à Paris fin 2015, et ce troisième étage doit être imaginé par tous les gens qui se seront mis en mouvement dans cette dynamique des Alternatiba, en France et en Europe, en liaison bien entendu avec le travail et les propositions des réseaux et coalitions préparant également la mobilisation en perspective de cette COP21.